30 ANS…

Il y a 30 ans tu nous quittais, et il me semble qu’il n’y a pas un jour sans que tu traverses nos esprits. C’est une chanson, une image, une ligne dans un livre, une odeur, une ressemblance avec quelqu’un…et depuis peu c’est moi quand je me regarde dans le miroir. Je m’aperçois qu’en vieillissant, c’est à toi que je ressemble. Les chats ne font pas des chiens, comme on dit. Et les bons hommes font de bons hommes. Parfois je sens que tu es là, tu pourrais au moins mettre ton parfum Yves Rocher qui est encore dans mes narines, ça m’éviterait d’allumer toutes les lumières de la maison en me demandant pourquoi j’ai l’impression que quelqu’un me suit partout. Et puis, je sens très vite que c’est toi. Il faut souvent que je fasse montre de recul quand je vois tous les cons qui parviennent à rester sur cette planète quand les meilleurs s’en vont, parfois si jeune comme toi. On ne meurt pas à 47 ans, on vit, on rit, on danse ou on chante. Bon toi tu ne faisais que vivre, car pour le reste on ne te donnera pas la palme hein…Tu ne faisais que vivre, comme tu le pouvais, avec ce putain de cancer qui t’a accompagné pendant plus de 7 ans. Je chasse les images les plus dures qui s’entêtent à rester dans ma tête alors que ma liste de courses parvient toujours à s’effacer de mon esprit. La mémoire ne fait pas toujours le tri qu’on veut, mais si on avait le choix ça se saurait. Si j’avais eu le choix d’ailleurs ? Ben j’aurais demandé à Dieu, au Ciel, à l’Univers, à qui aurait bien voulu m’entendre, que je ne voulais pas qu’on t’emmène. Et pas dans ces conditions. Tu es parti il y a 30 ans, à 3h du matin, et depuis 30 ans, je me réveille à 3h du matin. Aussi étrange que cela puisse paraître je n’ai fait le rapprochement que récemment alors que je parlais de toi à ma réflexologue qui me massait les pieds. On en dit des choses quand on se fait chatouiller les pieds, tu n’as pas idée. Je me souviens de maman, de sa détresse, de sa voix qui hurlait dans la rue alors qu’elle cherchait de l’aide pour te donner de l’oxygène, pendant que tu partais, doucement. Je me souviens d’une voisine accourant avec une bonbonne d’oxygène. C’est fou ce que les gens peuvent trouver parfois dans leurs placards. Moi quand je demande un paquet de farine à mon voisin c’est à peine si j’ai droit à un sourire. Franchement, tu aurais pu rester encore un peu, c’est pas tous les jours qu’une voisine se décarcasse comme ça. Elle était con OK, mais elle était équipée. Mais l’oxygène ne devait pas être à ton goût, tu as préféré partir. « Mon pauvre bonhomme », a pleuré maman quand tu t’es éteint. Et j’ai su à ce moment que plus rien ne serait comme avant.

On ne meurt pas à 47 ans, on sort, on bronze, on lit, on boit ou on baise, mais on ne part pas comme ça. Such is life comme on dit en France ! Oui, si tu voyais la gueule du français aujourd’hui, tu te retournerais dans ta tombe. De toute façon 1991, c’était une année de merde. J’aurais peut-être fait pareil que toi. Mais assez parlé de toi, ça fait 30 ans qu’on en parle et franchement tu ne dis pas grand-chose à part me foutre les choquottes à 3h du matin, du coup c’est Mark qui trinque car je m’accroche à lui. Tu le connais Mark, c’est celui qui se donne des coups de hache pour voir ce que ça fait. Ben ça fait mal apparemment. Et puis vous vous êtes rencontrés. Mais si, il est venu te parler, plusieurs fois. Bon ok tu es sous la terre, mais quand même il est venu, respect. Parce que moi j’irai pas voir son père quand il sera sous la terre. Je ne sais pas parler devant une tombe, je pleure. Et puis c’est pas des larmes façon Hollywood hein, c’est tout le package avec la morve et le nez qui coule. Alors non je ne parle pas aux morts. Je parle de toi à peine, car quand je commence je pleure. Et voilà que je reparle de toi, et ça commence à faire long. Comme ces 30 ans sans toi. Aujourd’hui est un jour triste, oui. Mais il n’est pas plus triste qu’hier ou demain.

Je voulais te dire que tu me manques toujours autant, voilà c’est ça que je voulais dire. Ça m’a pris toutes ces lignes mais c’est parce que je divague toujours beaucoup. Tu me manques, et le souvenir de toi est beau. Alors, ça me suffit à supporter cette peine. Passe une belle journée…pardon c’est sûrement non approprié pour un mort. Qu’est-ce qu’on dit d’ailleurs ? Passe une belle éternité ? Oui ça m’a l’air mieux adapté. Et si tu croises le soleil, tu peux lui dire qu’il ramène sa fraise, un peu de soleil ça met toujours du baume au cœur. Ce cœur où tu te trouves, à l’intérieur de moi, jusqu’à ce qu’à mon tour je m’éteigne et que je te rejoigne.

Je t’aime, Papa.

Catégories : Galerie

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